Que penser du projet économique qui se dessine en ces premiers mois du quinquennat de François Hollande ?
Calculatrices et tableaux Excel à l'appui, les chercheurs de l''Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) ont passé au tamis de l'analyse onze mesures du projet présidentiel. Toutes les dispositions n'ont évidemment pas le même degré de maturité. Certaines font déjà l'objet de décret comme le coup de pouce au Smic, d'autres sont actuellement en discussion au Parlement à l'instar de la fin des exonérations fiscales et sociales sur les heures supplémentaires, d'autres encore ne sont encore qu'à l'état d'annonces dont les contours restent à définir comme les contrats de génération par exemple.
Au delà de l'évaluation, mesure par mesure, les économistes adressent un sévère avertissement au gouvernement quant au cap retenu pour sa politique économique.
Considérant la stratégie revendiquée par l'exécutif de ramener les comptes publics à l'équilibre en 2017, avec un déficit limité à 3% du PIB en 2013, l'OFCE estime qu'à l'horizon 2017 cette politique qui représente un effort de 105 milliards d'euros ( réparti entre coupes dans les dépenses publiques et hausses des impôts) "amputerait l'activité économique dans l'hexagone de 1% et "engendrerait une hausse supplémentaire du taux de chômage qui dépasserait la barre des 11% dès 2014.
Au total, résument les chercheurs, si tous les pays de la zone euro respectent leurs engagements de ramener leurs finances à l'équilibre en 2017 alors ce seront 160 000 emplois qui seraient détruits sur la période. Et d'asséner qu'il "faudra choisir entre équilibre des comptes publics et réduction du chômage".
Ce constat fait, l'OFCE suggère que les pays européens changent d'objectifs. Plutôt que tous visent l'équilibre, les économistes proposent que les politiques d'austérité des différents états s'interrompent au moment où le déficit structurel tombe en dessous de 0,5 point de PIB.
Dans un tel scénario, l'Allemagne, l'Italie et la Finlande stopperaient leurs politiques de rigueur dès l'année prochaine, la France et le Portugal auraient à poursuivre jusqu'en 2014, la Grèce jusqu'en 2015, les autres jusqu'à 2017.
Le 27 juillet 2012