Front de Gauche. Le temps de la réflexion
Deuxième force de Gauche depuis le résultat de la présidentielle, il n'a pu transformer l'essai des législatives. Ce qui ne remet pas en cause l'utilité de cette alliance politique.
Après la séquence électorale, où se sont conjuguées satisfaction et déception, le Front de Gauche réfléchit à son avenir. Cette réflexion peut s'appuyer sur un ancrage politique désormais incontestable.
L'histoire n'était pas écrite lorsque le 18 novembre 2008, le Parti Communiste, alors dirigé par Marie-George Buffet, et le Parti de Gauche, fondé quelques semaines plus tôt par Jean-Luc Mélenchon, annonçaient la naissance au Front de Gauche.
La première traduction de cette alliance sera la constitution de listes communes aux européennes de 2009, scrutin où le Front de Gauche est rejoint par la Gauche Unitaire, composée de militants ayant quitté le NPA. La démarche sera prolongée aux régionales de 2010 puis aux cantonales de 2011.
Mais c'est avec la séquence présidentielle-législatives que le Front de Gauche va prendre son rythme de croisière. L'objectif est de construire une alternative aux forces du libéralisme en faisant enfin bouger les lignes à Gauche. D'où le travail intellectuel et politique pour forger un projet et un programme au nom évocateur « l'Humain d'abord ».
Deuxième force à Gauche
La candidature commune à la présidentielle incarne cette consolidation. Brillante et convaincante, la campagne de Jean-Luc Mélenchon a suscité un mouvement d'opinion que la gauche de transformation sociale n'avait plus connu depuis le début des années 1980.
Avec quatre millions de voix 11,11% des suffrages, elle installe le Front de Gauche comme la deuxième force politique à Gauche.
Cette poussée laissait présager un bon résultat aux législatives. Le mode de scrutin, la présidentialisation, le vote utile en faveur du PS mais aussi la difficulté du Front de Gauche à nationaliser sa campagne ont entraîné des résultats décevants. Malgré une progression en voix sur les législatives de 2007, le Front de Gauche a perdu neuf Député.
Faut-il alors parler de coup d'arrêt du processus engagé en 2008 ?
Voir de remise en cause ? Depuis dimanche, aucun des responsables du Front de Gauche ne s'est positionné sur cette ligne.
Lundi, lors de son intervention devant le Conseil National du PCF, le Secrétaire national Pierre Laurent a rappelé qu'« à l'élection présidentielle, la percée du candidat commun du Front de Gauche (…) a été un événement. Ce résultat est apprécié comme tel par l'immense majorité des communistes ». Cela « les conduit à considérer que c'est dans (…) l'amplification de la démarche du Front de Gauche qu'est l'avenir ».
Le cap à suivre
Pour le Parti de Gauche, « le Front de Gauche appuiera à l'assemblée et dans les mobilisations toutes les mesures qui iront dans le bon sens, refusera toutes mesures d'austérité et sera plus que jamais une force de propositions alternatives. Le bon résultat de Syzira (…) indique le cap à suivre pour le Front de Gauche ».
Si la stratégie Front de Gauche est donc largement validée, reste pour les militants à réfléchir sur les raisons de cette avancée inachevée. Cité par l'Humanité, l'historien Roger Martelli estime que le Front de Gauche est « une force qui compte, qui mobilise, qui attire la sympathie. Il n'est pas pour autant considéré comme une force capable d'impulser un changement concret à l'échelle du pays ».
Pour Pierre Laurent, il est important « de travailler à associer dans la durée toutes celles et ceux qui, non membres d'un des partis du Front de Gauche, souhaitent en être des militants à part entière ». Le Front de Gauche, ajoute-t-il, « S'affirme comme une construction originale, associant des Partis et des militants non encartés. Les assemblées citoyenne-s, les réseaux de travail thématiques, les fronts de lutte sont déjà des espaces pertinents à développer ».
Dans cet esprit, les 25 et 26 août à Grenoble, un grand rendez-vous d'été du Front de Gauche sera organisé et ouvert « à toutes celles et ceux qui se sont investis dans la démarche de ces derniers mois ».
Christian Digne (La Marseillaise, le 21 juin 2012
2009
Aux élections européennes du 7 juin, le Front de Gauche se place en cinquième position avec près de 6,5% des voix et obtient cinq élus, dont Jean-Luc Mélenchon.
2010
Aux élections régionales, les listes où figuraient le Front de Gauche (au nombre de 17) réalisent en moyenne 7,49% des voix. Elles dépassent la barre des 10% dans 4 régions, celle des 5% dans 14.
2011
Aux cantonales, avec 10,38% des voix sur l'ensemble des cantons dans lesquels il présentait des candidats, le Front de Gauche se place comme étant la deuxième force de Gauche de France.
11,11%
C'est le score du candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, à la présidentielle. Il obtient 3.985.298 voix et réalise plus de 14% des suffrages exprimés dans 20 départements.
10
C'est le nombre de Députés du Front de Gauche lors des législatives. Ils devraient pouvoir former un Groupe à l'Assemblée Nationale en s'élargissant à des élus progressistes d'outre-mer.