Lettre ouverte aux jeunes
samedi 28 mai 2011, par
Certes, les revendications pour une Réelle Démocratie constituent la spécificité, voire même la priorité du printemps espagnol et européen. De même que l’indépendance vis-à-vis de tous les partis politiques, syndicats et associations. Pour autant, il est peu contestable que ces révoltes de la jeunesse trouvent leurs origines dans le chômage de masse et la précarité galopante. Les mouvements qui se rattachent à « Réelle Démocratie Maintenant » doivent donc « coller » à cette réalité, s’ils veulent recevoir le soutien d’un nombre toujours plus grand de citoyens de toutes les générations. Il faudra donc sans trop tarder, via les débats sur les places, être plus précis et concret sur ce que nous dénonçons, sur ce que nous exigeons, donc sur NOS REVENDICATIONS. Notamment sur ces questions du chômage et de la précarité. Cette lettre ouverte aux jeunes est une contribution en ce sens. Ces explications et revendications solidement argumentées permettront, parmi d’autres, d’alimenter les prises de paroles ou les débats dans les commissions et les rassemblements.
Si l’on veut mettre fin à la précarité généralisée et au chômage de masse, il faudra mettre hors d’état de nuire les oligarchies économiques et politiques incompétentes et corrompues qui captent à leur seul profit, depuis 20 ans, l’essentiel des pouvoirs et des richesses. La tâche sera rude et longue. La révolte de la jeunesse espagnole qui s’étend à d’autres pays européens est une opportunité à saisir, car elle peut permettre d’enclencher un processus permanent vers une "Réelle Démocratie ".
Vous êtes des millions à galérer pendant des années, de stages en CDD à répétition, avant d’accéder à un vrai emploi. A l’automne 2010, les jeunes se sont massivement mobilisés contre la réforme SARKOZY des retraites. Vous aviez compris que si l’on repoussait de 2 ans (jusqu’à 67 ans pour certains) l’âge de départ en retraite pour des centaines de milliers de seniors, ce sont autant de centaines de milliers de jeunes qui seraient contraints de galérer 2 ans de plus avant de trouver un vrai emploi.
Votre première préoccupation c’est d’accéder à l’autonomie économique, de pouvoir fonder une famille et faire des projets. Après de nombreuses années d’études ou de formation, ce chômage qui vous bouche l’horizon, voilà ce qui vous pourrit la vie.
En répétant que l’emploi était leur priorité N° 1 et qu’il n’y avait pas d’autres solutions que celles qu’ils mettaient en oeuvre, les gouvernements de droite et sociaux-démocrates ont voulu cacher les vraies causes de la montée du chômage et de la précarité. Depuis 30 ans, ils ont imposé : baisse du coût du travail, assouplissements du droit du travail, amélioration de la formation, dérégulations financières, flexibilité, concurrence libre et non faussée … Avec les résultats que l’on connaît : persistance d’un chômage de masse et explosion des inégalités de tous ordres. Pire, leurs prétendues « seules solutions pour éradiquer le chômage » ont conduit à la plus grave crise depuis 1929 !
En France, Michel Rocard avait dès 1997 tiré la sonnette d’alarme dans un livre consacré aux causes du chômage et aux solutions. Il écrivait en 4ème de couverture de ce livre intitulé « Les moyens d’en sortir » : « L’inexorable montée du chômage démontre l’inefficacité de toutes les techniques utilisées pour le combattre … On ne luttera efficacement contre le chômage massif que par la réduction massive du temps de travail. Toute la question est : comment faire ? ».
Face à un « échec » aussi éclatant et général à faire reculer le chômage, il faut se poser deux questions. Et si le chômage de masse était indispensable à l’accroissement des profits distribués aux actionnaires ? Et si, en répétant que l’emploi était leur priorité N° 1, les gouvernements avaient voulu cacher cette réalité ?
Le chômage n’est rien d’autre qu’une répartition imposée du temps de travail avec, aux 2 extrémités, ceux qui se ruinent la santé au travail et ceux qui n’ont pas d’emploi, ou seulement des petits boulots précaires. Même les économistes libéraux reconnaissent aujourd’hui que c’est la persistance d’un chômage de masse qui a instauré un rapport de force défavorable aux salariés et permis ainsi de faire passer les dividendes versés aux actionnaires, de 3,2% du PIB en 1982 à 8,5% en 2007 (en France).
Ils ont poursuivi le démantèlement – commencé en 2002 - des lois Aubry sur la réduction du temps de travail qui avaient permis la création de 400 000 emplois et dont le but était de parvenir à une répartition moins injuste du temps de travail.
Ils ont encouragé les entreprises, plutôt que d’embaucher, à recourir aux heures supplémentaires en les exonérant de cotisations sociales. Dans un article intitulé "Il n’y a jamais eu autant d’heures sup’ qu’aujourd-hui", Guillaume Duval - rédacteur en chef d’Alternatives Economiques – écrivait le 9 avril 2010 : « Ainsi 4 milliards d’euros d’argent public sont dépensés pour inciter salariés et entreprises à faire des heures supplémentaires au lieu d’embaucher des jeunes et des chômeurs … Ces millions d’heures supplémentaires représentent l’équivalent de 420 000 emplois à temps plein … Un scandale qu’il y aurait urgence à faire cesser. »
Ils ont supprimé toutes les règles qui encadraient le cumul emploi retraite. Depuis le 1er janvier 2009, tout salarié peut cumuler, sans limite de revenus, une retraite à taux plein et un salaire à temps complet ou partiel. Autant d’emplois en moins accessibles aux jeunes et aux chômeurs.
Deux millions de salariés sont corvéables à merci, à cause du contrat de travail en jours. Ce type de contrat permet aux employeurs d’accroitre sans cesse la charge de travail, conduisant ainsi les salariés à travailler 50, 60 et jusqu’à 78 heures par semaine. Au détriment de leur santé, de leur vie de famille et du droit à "Travailler MOINS pour travailler TOUS". Sur le contrat de travail en jours, la France a été, à quatre reprises, condamnée par le Comité Européen des Droits Sociaux.
On nous fait croire que c’est la dette publique qui oblige à supprimer des emplois dans l’éducation, la santé, la justice, la culture ... et qui empêche de verser des allocations décentes à tous les jeunes en formation. Il s’agit là d’une escroquerie intellectuelle, malheureusement gobée par beaucoup d’honnêtes citoyens . L’essentiel de ce qu’il faut savoir sur la dette publique est résumé dans La dette publique est un mécanisme de redistribution à l’envers qui permet, en plus, de justifier le démantèlement des services publics
Plus de doutes ni d’hésitation à avoir : face à tant d’injustice, de malhonnêteté et d’irresponsabilité, SEULE la révolte de tous ceux qui subissent pourra changer le cours des choses. Oui, votre révolte est légitime, indispensable et urgente.
Depuis 2002 jusqu’à aujourd’hui, le Medef et les gouvernements de droite n’ont pas lésiné sur les mensonges pour discréditer la nécessité d’une répartition moins injuste du temps de travail. Ils n’ont malheureusement guère rencontré de résistance chez leurs opposants politiques.
La précarité imposée de l’emploi et du pouvoir d’achat a pour but de dissuader les comportements collectifs et solidaires. Par exemple, tous ceux qui se sont endettés sur 20 ans pour payer l’appartement ou la maison n’ont guère envie de se faire remarquer, dans leurs entreprises, en revendiquant une réduction du temps de travail qui permettrait l’embauche de jeunes. Pire : depuis 10 ans on ne compte plus les entreprises dans lesquelles les salariés et les délégués syndicaux ont été soumis au chantage suivant : soit vous acceptez une augmentation de votre temps de travail sans augmentation de salaire, soit l’entreprise sera délocalisée.
Quand aux élites de demain, les jeunes issus des grandes écoles, ils ne sont pas tous dupes du formatage idéologique qu’ils subissent. Mais dans une société gouvernée par des riches pour les riches, il est évidemment impossible de faire carrière - dans leurs entreprises - si l’on critique leur idéologie économique.
Les injustices ne reculent que par des révoltes collectives de ceux qui les subissent. Sans la révolte de 2006 contre le CPE, les salariés en CDI seraient aujourd’hui licenciables du jour au lendemain, même sans « cause réelle et sérieuse », donc sans recours juridique possible.
Incitation à recourir aux heures supplémentaires, contrats de travail en jours, cumul emploi-retraite sans limite de revenus, allègement de 100 milliards d’euros par an des différents impôts (au détriment de la nécessaire redistribution des richesses et des moyens pour l’éducation, la santé, la culture ...). C’est avec de telles "réformes" irresponsables que les élites politiques et économiques ont, parfois en croyant bien faire, abandonné au bord de la route les jeunes, mais aussi tous les précaires.
Saisissez l’occasion de ce printemps de la jeunesse européenne pour exiger votre droit à l’emploi et à l’autonomie économique. L’issue de cette bataille sociale dépend largement de vous, de votre imagination, de votre détermination, de votre capacité à utiliser à fond les réseaux sociaux (Facebook, twitter, blogs …) pour mobiliser tous vos amis. Mais aussi pour interpeller vos parents sur toutes ces dérégulations qui ont conduit à la situation actuelle et qu’ils n’ont pas su ou pas voulu empêcher.
Les slogans alliant pertinence et humour, brandis dans les rassemblements, sont des vecteurs puissants de communication vers la société et de popularisation de vos exigences. Voir, en attendant ceux des autres pays, « 50 slogans du printemps espagnol et français »
André Martin (animateur du site http://www.retraites-enjeux-debats.org/)
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Construction du Programme Populaire Partagé
du Front de Gauche
Le 11 mai 2011
Les statistiques sont terribles : 43 % des jeunes hommes actifs et 37 % des jeunes femmes étaient au chômage, en 2009, dans les quartiers sensibles. Le rapport réalisé par l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) et révélé par Le Monde, témoigne de la gravité de la crise sociale dans les banlieues. Qu'il s'agisse de chômage, de réussite éducative, de santé ou de sécurité, les ZUS connaissent une situation extrêmement dégradée.
LA PAUVRETE, LES INEGALITES ET LA DÉLINQUANCE, SUJETS ESSENTIELS DE PRÉOCCUPATION
Le taux de chômage global – 18,6% pour l'ensemble de la population des quartiers, soit près du double des autres territoires urbains – a évidemment des conséquences en chaîne. Le rapport révèle qu'il y a deux fois plus de bénéficiaires des minimas sociaux dans les ZUS, deux fois plus de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté et trois fois plus de bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU).
Dans ce contexte tendu, avec une aggravation de la pauvreté, de l'exclusion et des discriminations, la délinquance reste une préoccupation dans les quartiers. Le rapport montre que, dans les ZUS, la diminution globale des faits de délinquance signalés à la police (- 11% depuis 2005) est en réalité intervenue grâce à la baisse des actes les plus courants et les moins graves (atteintes aux biens en baisse de 15%) alors que les actes les plus traumatisants (atteintes aux personnes) ont progressé (+7%).
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Une société qui se conduit comme cela envers la jeunesse, n'a pas d'avenir.
Il faut la changer!
Si la crise économique mondiale n’a épargné personne, elle a tout particulièrement frappé les jeunes, note l’hebdomaire The Economist.
Dans les pays membres de l’OCDE, le taux de chômage des jeunes a augmenté de 4,9 % entre 2007 et 2009, pour atteindre 18,4 % en moyenne. Il est donc de deux à quatre fois plus élevé que celui des actifs en général.
Dans neuf pays, ce taux dépasse les 25 %, soit un actif sur quatre. En Espagne, 42 % des moins de 25 ans sont au chômage.
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