L’abus de fric fait scandale chez Sanofi
Rassemblement unitaire (CGT, FO, SFDT, CFTC) devant l’entrée du site de Sanofi-Pasteur de Marcy l’Etoile, le plus grand centre de recherche et production de vaccins au monde, mardi matin, pour protester contre les suppressions d’emplois injustifiés dans le groupe.
Sanofi est le plus gros employeur privé de la région lyonnaise, avec plus de 6 500 salariés sur 11 sites.
Sanofi chimie à Neuville-sur-Saône doit fermer fin 2013 avec une cinquantaine de personnes à reclasser, une nouvelle activité de vaccins pourrait être installée sur place. Outre le gel de la procédure de restructuration, les salariés du groupe réclament une réunion tripartite avec la direction et les pouvoirs publics ainsi qu’un examen des enjeux économiques et sociaux du projet.
914 postes sont concernés par les plans de restructuration du groupe. Cela est totalement injustifié car le groupe a engrangé «près de 9 milliards de bénéfices en 2011» et motivent les salariés et les syndicats dans leur demande de voir les pouvoirs publics légiférer contre «les suppressions de postes à visée boursière».
Une manifestation nationale avait lieu à Paris. Les manifestants, vêtus de blouses blanches, se sont regroupés devant le siège du groupe à Paris, avant de rejoindre la place de la Bourse.
Il apparait très clairement pour les salariés que chez Sanofi, premier groupe pharmaceutique en Europe et première capitalisation boursière du CAC 40, les postes supprimés ne serviront qu’à accroître les bénéfices. Ils exigent le retrait du plan de restructuration qui touche principalement deux sites, Montpellier et Toulouse.
Mobilisés depuis cet été, les salariés se heurtent au silence inadmissible de leur direction. Le plan de celle-ci, annoncé en juillet, prévoit, d’ici 2015, 914 suppressions nettes d’emplois et 800 redéploiements par mobilité interne, dont 300 d’une région à l’autre.
Le cas de Sanofi est emblématique, car si le plan passe, d’autres entreprises en bonne santé vont pouvoir supprimer des postes en toute impunité soit au nom de la compétitivité soit au nom de l’investissement comme a tenté de le faire le groupe Arkema à l’usine de Pierre Bénite.
Cela est d’autant plus insupportable que la direction a décidé d’augmenter les dividendes de 30% aujourd’hui à 50% d’ici 2015 et que le groupe percevra en plus une masse de fric non négligeable avec le versement du Crédit d’Impôt découlant de la loi que Hollande a fait voter au nom de la compétitivité. Au total les entreprises percevront 20 milliards financés par nos impôts.
On mesure avec Sanofi que les employeurs n’entendent aucunement changer leur stratégie fondée sur la croissance de la rente versée à leurs actionnaires. Tout ce qu’ils peuvent économiser sur leur gestion, réduire comme charges ou investissements et capter comme Fonds Publics ne sert qu’à cet objectif la !
Mais le comportement de cette direction est tout à fait scandaleuse puisque l’un des dirigeants du groupe a gagné plus de 500 000 € en quelques heures. Le président des opérations globales du groupe pharmaceutique, Hanspeter Spek, a levé des stock-options, comme la loi l’y autorise.
En clair : il a acheté des actions de sa société à un prix convenu à l’avance (55,74 €) et les a revendues au cours du jour (64,3265 €). L’opération, qui portait sur 63 000 titres, lui a permis de réaliser un bénéfice total brut de… 540 949 € ! Un véritable scandale !
Cette opération intervient alors que le PDG du laboratoire Sanofi a dans le même temps annoncé que le futur plan d’économies aurait « un impact sur l’emploi ».
La direction cherche à réduire encore les coûts de 2 Mds€ d’ici à 2015 pour répondre aux exigences des actionnaires. Pour cela, elle supprime plus de 2000 postes », calcule pour sa part Thierry Bodin, le délégué CGT de Sanofi.
Les syndicats et notre parti le PCF dénonce un tel plan qui n’est que l’organisation de licenciements boursiers qui devraient être interdits par la loi comme nous le proposons.
Dans ce contexte, la plus-value d’Hanspeter Spek est d’autant plus « scandaleuse, et révèle un certain mépris pour les salariés ». C’est aussi un bras d’honneur fait au gouvernement qui disait vouloir mettre un peu de justice sociale dans la répartition des richesses en faisant payer un peu plus les riches. On sait depuis que le Parti Socialiste a une grande faculté à entendre plus facilement le Medef que les salariés qui l’ont pourtant porté au pouvoir !
Ce n’est pas la première fois que Sanofi fait parler de lui. Déjà, à la veille des congés, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, avait dévoilé ce plan d’économies en le qualifiant d’« abusif ». Cela n’était qu’une égratignure qui précédait une reculade grave devant conduire au transfert de 20 milliards du budget de l’Etat aux coffres forts des entreprises.
Les salariés de Sanofi ne se découragent pas. Ils résistent. Ils ont tout notre appui pour qu’enfin dans ce pays la raison, le bon sens et les valeurs de gauche retrouvent leur place dans la gestion du pays et des entreprises. Cela passe par de nouveaux droits et surtout des mobilisations de masse car sans elles rien ne sera possible !
Le 20 janvier 2013