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Peine De Mort

7 août 2013 3 07 /08 /août /2013 13:19

 

Donka.jpg

Hôpital de Donka, ce grand corps malade
du système de santé guinéen

 

C’est une insupportable rage de dent qui m’a fait pousser les portes de Donka. J’y suis ressorti la rage au ventre !

Le service dentaire du Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Donka, l’un des deux plus grands établissements sanitaires de la Guinée, ressemble plus à une forge qu’à un  centre de soins pour dents. On y retape les gueules presque au marteau !

Après avoir franchi l’imprenable grille de l’entrée principale de l’hôpital, le patient arrive au service dentaire en suivant l’une des interminables coursives qui bordent les bâtiments décatis du CHU.

A droite, une inscription décolorée au dessus d’une porte ouverte annonce le cabinet dentaire. Dedans, une antichambre grosse comme un mouchoir de poche au milieu de laquelle impatientent des patients entassés sur des fauteuils en lambeaux. Mines serrées, les-bouches-enflées se font la gueule dans un silence pesant.

Ce matin-là, tout le monde se tenait le nez entre le pouce et l’index. Une odeur fétide empeste l’atmosphère plusieurs mètres à la ronde. Une rigole passe juste derrière la fenêtre de la petite salle. Les canaux d’évacuation des eaux usées de Donka sont bouchés, m’explique-t-on. Une grosse mouche verte vient vrombir à l’intérieur de la pièce comme pour confirmer l’information.

Derrière une porte couverte de crasse, comme les murs intérieurs, les médecins dentistes burinent. Une spatule et une lampe torche pour inspecter l’intérieur de la bouche. Le courant électrique a déserté l’hôpital depuis plus d’une semaine. Sans gants, le dentiste me fait apprécier le goût salé de ses doigts qu’il plonge dans  ma bouche en même temps que des boulettes de coton pour essayer de la maintenir ouverte. J’ai failli gerber. Mais, ma pire crainte était de choper une maladie nosocomiale pour une simple rage de dent.

A propos de Donka, il se raconte des histoires à dormir debout : des femmes qu’on gifle dans les salles d’accouchement de la maternité, des malades que des médecins laissent trépasser parce que non accompagnés aux urgences et, plus hallucinant, des corps qui se décomposent faute de courant électrique dans la chambre froide de la morgue de l’hôpital.

Le seul capitaine à bord du bateau Donka, envasé dans la misère et la corruption, c’est l’argent. Le racket commence dès la grille d’entrée où son postés des agents qui filtrent les entrées par des billets de 5.000 ou 10.000 GNF. Au vu et au su de tout le monde. Les médecins ne font pas mieux. À quelques rares exceptions, le sermon d’Hippocrate ne vaut pas mieux que du papier-toilettes ici. 

Dans cet hôpital public construit en 1959 par l’aide de l’Union soviétique, l’urgence c’est l’argent. Vous payez, vous êtes soignés avec les moyens du bord, sinon vous partez les pieds devant.

Il y a 17 ans, en 1996, le cinéaste Thierry Michel a posé ses caméras à Conakry pour filmer la douleur de Donka. Six mois durant, il scrute le travail des médecins souvent vénaux et l’agonie des patients démunis. Le résultat est une radioscopie d’un hôpital africain (1H25’), film documentaire qui a fait une belle moisson des prix depuis.

Le film de Thierry s’ouvre sur les gémissements d’un homme foudroyé par une crise de méningite. Il a été ramassé au marché et jeté aux urgences de Donka, sans accompagnateur. Les médecins refusent de le toucher – et le disent dans l’objectif de la caméra – préférant attendre les parents du patient qui ne viendront jamais. Il rend l’âme à la tombée de la nuit.

Un drame parmi tant d’autres qui n’ont pas, eux, le privilège d’être filmés.

Laissé à lui-même à travers une gestion qui se veut autonome, Donka, comme la plupart des hôpitaux du pays, constitue le dernier recours des malades minés par la misère. Conséquence : l’hôpital est devenu un mouroir. Le documentaire révèle qu’en 1996 au service réanimation, le taux de mortalité était de 75%.

Mais Donka  est loin d’être une exception. À Ignace Deen, l’autre grand hôpital situé à moins de cinq km de là, le service neurologie ne dispose même pas d’un scanner !

Avec  ça vous vous demandez encore pourquoi nos chefs préfèrent aller mourir dans les cliniques aseptisées du Royaume chérifien?

 

Jean Jacques Guigon

Militant CGT

Le 4 août 2013

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